Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/161

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contraire ; et je pourrais prouver qu’elle portait souvent l’économie jusqu’à des détails d’une mesquinerie blâmable, surtout dans une souveraine. Elle prit beaucoup de goût à sa retraite de Trianon ; elle s’y rendait seule, suivie d’un valet de pied ; mais y trouvait un service prêt à la recevoir : un concierge et sa femme, qui alors lui tenait lieu de femme de chambre ; puis des femmes de garde-robe, des garçons du château, etc., etc.

Dans les premiers temps où elle fut en possession du petit Trianon, on répandit dans quelques sociétés qu’elle avait changé le nom de la maison de plaisance que le roi venait de lui donner, et lui avait substitué celui de petit Vienne, ou de petit Schœnbrunn. Un homme de la cour, assez simple pour croire légèrement à ce bruit, et désirant entrer avec sa société dans le petit Trianon, écrivit à M. Campan pour en demander la permission à la reine. Il avait, dans son billet, appelé Trianon le petit Vienne. L’usage était de mettre sous les yeux de la reine les demandes de ce genre, telles qu’elles étaient formées ; elle voulait donner elle-même les permissions d’entrer dans ses jardins, trouvant agréable d’accorder cette légère marque de faveur ; lorsqu’elle en vint aux mots dont je viens de parler, elle fut très-désobligée, et s’écria avec vivacité qu’il y avait trop de sots qui servaient les méchans ; qu’elle était déjà informée que l’on faisait circuler dans le monde qu’elle ne pensait qu’à son pays, et qu’elle conservait le cœur autrichien, tan-