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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/256

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jeune princesse à la reine. Elle la pressa sur son cœur vraiment maternel : « Pauvre petite, lui dit-elle, vous n’étiez pas désirée, mais vous ne m’en serez pas moins chère. Un fils eût plus particulièrement appartenu à l’État. Vous serez à moi ; vous aurez tous mes soins, vous partagerez mon bonheur et vous adoucirez mes peines. »

Le roi fit partir un courrier pour la ville de Paris ; écrivit lui-même auprès du lit de la reine des lettres pour Vienne ; une partie des réjouissances commandées eut lieu dans la capitale, et l’âge du roi et de la reine devant faire présumer qu’ils auraient un grand nombre d’enfans, on reporta ses espérances vers une nouvelle grossesse[1].

Un service très-nombreux veillait auprès de la reine pendant les premières nuits de ses couches. Cet usage l’affligeait ; elle savait s’occuper des autres. Elle commanda pour ses femmes d’énormes fauteuils dont les dos se renversaient par le moyen de ressorts, et qui tenaient parfaitement lieu de lit.

M. de Lassone, premier médecin, le premier chirurgien, le premier apothicaire, les chefs du

  1. L’heureux accouchement de la reine fut célébré dans toute la France. La naissance de Madame inspira plus d’un poëte : on distingue ce madrigal d’Imbert :

    Pour toi, France, un dauphin doit naître :
    Une princesse vient pour en être témoin.
    Sitôt qu’on voit une grâce paraître
    Croyez que l’amour n’est pas loin.

    (Note de l’édit.)