Aller au contenu

Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

galanterie fait traiter avec bien plus d’indulgence les favorites des rois.

Peu de temps après la naissance de Madame, la reine devint grosse ; elle n’avait encore parlé de son état qu’au roi, à son médecin, et à quelques personnes honorées de sa confiance très-intime, lorsqu’ayant levé avec force une glace de sa voiture, elle sentit qu’elle s’était blessée, et huit jours après elle fit une fausse-couche. Le roi passa la matinée entière près de son lit ; il la consolait, lui donnait les marques du plus tendre intérêt. La reine pleurait beaucoup, le roi la prenait avec affection dans ses bras, et mêlait ses larmes aux siennes. La reine répéta plusieurs fois qu’elle se félicitait de n’avoir pas même parlé de sa grossesse dans sa famille ; qu’on n’aurait pas manqué d’attribuer son malheur à quelques légèretés, tandis qu’il avait été occasioné par la chose la plus simple. Le roi ordonna le silence au petit nombre de personnes instruites de cet événement fâcheux ; il resta généralement inconnu. La reine fut quelque temps à rétablir sa santé ; le roi en était fort occupé et attendait impatiemment le moment où l’on pouvait concevoir de nouvelles espérances. Ces détails, d’une scrupuleuse vérité, donnent la plus juste idée de la manière dont vivaient ces augustes époux.

L’impératrice Marie-Thérèse n’eut pas le bonheur de voir sa fille chérie donner un héritier à la couronne de France. Cette illustre princesse termina ses jours à la fin de 1780, après avoir prouvé, par son