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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/383

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placer le prince de Kaunitz, et une au comte de Rosemberg, homme de confiance. Chacun renvoie ces copies à l’impératrice, avec des observations à mi-marge ; et c’est de ces observations combinées ou discutées, que se forment les projets et les résolutions. L’impératrice fait quelquefois ajouter ou retrancher, dans les dépêches interceptées, lorsqu’elle veut faire parvenir à l’empereur des conseils ou des avis dont elle ne voudrait pas paraître l’auteur. » (Mém. hist. et polit. du règne de Louis XVI, par Soulavie ; tom. III.)


Note (D), page 67.

Cette notice de personnages de la cour décèle l’esprit de parti que l’impératrice alimentait en France. Elle avait chargé le comte de Mercy d’en avoir soin : elle indiquait, sans exception, tous les Lorrains nés dans une province qui avait été le berceau de son mari, François Ier, et dans laquelle la maison d’Autriche conservait soigneusement un parti qui n’oublia jamais ses anciens souverains. C’était, dans la politique de la maison d’Autriche, une pierre d’attente. L’attachement, sans trop d’impegno, est digne des formes délicates d’une femme habile, qui savait nuancer et couvrir ses sentimens. Le duc de Choiseul, avec raison, est à la tête de la liste ; il était le chef du parti lorrain et autrichien ; il l’avait le premier organisé en France. Les Montazet étaient vendus totalement à ce parti, au point que depuis, l’abbé de Montazet fut archevêque de Lyon par la protection du duc de Choiseul, pour ses opinions jansénistes et pour l’esprit de persécution qu’il manifesta contre les sulpiciens, et en général contre le parti des jésuites.

Quant au comte de Broglie, l’impératrice aura été bien trompée par cet adroit politique. Il était chef de la fameuse correspondance secrète qui ne cessa de travailler contre les intérêts de Marie-Thérèse, en traversant, en secret, l’alliance autrichienne de 1756.