Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/40

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La calomnie n’affecte point la jeunesse, tout l’avenir qu’elle se promet lui reste pour en triompher : sur le déclin de l’âge ses traits ont un venin qui tue ; les chagrins qui pèsent alors sur le cœur en rouvrent toutes les blessures. Celles que madame Campan avait reçues étaient profondes. Sa sœur, madame Auguié, s’était donné la mort ; M. Rousseau, son beau-frère, avait péri victime de la terreur. En 1813, un accident affreux l’avait privée de sa nièce, madame de Broc, l’une des plus aimables et des plus touchantes créatures qui aient orné ce monde : madame Campan semblait destinée à voir ceux qu’elle aimait descendre avant elle au tombeau. Dans le cimetière du Père-Lachaise, parmi ces mausolées fas-

    de tout ce qui peut tendre à jeter des doutes sur votre attachement et votre fidélité à l’auguste princesse à laquelle vous aviez l’honneur d’être attachée, dans les fonctions que vous remplissiez auprès d’elle.

    » C’est avec grand plaisir, Madame, que je vous rendrai la justice que pendant les trois ans où ma place m’a donné de fréquens rapports avec notre grande et trop malheureuse reine, je vous ai toujours vue empressée de lui témoigner votre respect et votre attachement. J’ai été témoin qu’elle vous avait donné des marques de confiance toute particulière, et de votre discrétion et de votre fidélité dans ces diverses circonstances. Vous lui en donnâtes des preuves dans ce malheureux voyage de Varennes, et les délations faites à ce sujet sur votre compte ont été de toute injustice. Je vous ai vue aux Feuillans, la nuit du 10 août, présenter à la reine l’hommage de votre douleur, quoique vous ne fussiez pas en ce moment dans votre mois de service. C’est un hommage que je rends à la vérité, et je m’estimerais heureuse si ma lettre pouvait apporter quelques consolations aux amertumes dont votre cœur est accablé.

    » Je suis, Madame, etc.

    » Croy d’Havré, duchesse de Tourzel. »