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Après cette formule de serment, deux pairs ecclésiastiques présentent le roi à l’assemblée et lui demandent si elle agrée Louis XVI pour roi de France. Un silence respectueux, disent les livres qui contiennent les détails de cette cérémonie, annonça le consentement général.

L’archevêque de Reims présenta au roi le livre des Évangiles, sur lequel Sa Majesté posant les mains fit serment de maintenir et conserver les ordres du Saint-Esprit et de Saint-Louis, et de porter toujours la croix de ce dernier ordre, attachée à un ruban de soie, couleur de feu ; de faire observer l’édit contre les duels, sans avoir jamais aucun égard aux représentations des princes ou seigneurs qui pourraient intercéder en faveur des coupables. La première partie de ce serment n’est guère importante, et la seconde est enfreinte tous les jours.

Lorsque le roi eut reçu, pour la seconde fois, l’épée de Charlemagne, il la déposa entre les mains du maréchal de Clermont-Tonnerre, faisant les fonctions de connétable, qui la tint la pointe levée pendant la cérémonie du sacre et du couronnement, ainsi qu’au festin royal. Pendant que le roi recevait et remettait cette épée de Charlemagne, on récita plusieurs oraisons. Dans l’une on demandait à Dieu que les saints monastères se ressentissent des libéralités du roi ; que ses grâces se répandissent sur les grands du royaume, que la rosée du ciel et la graisse de la terre procurassent dans ses États une abondance intarissable de blé, de vin, d’huile et de toutes sortes de fruits, afin que sous son règne les peuples pussent jouir d’une santé constante, etc.

Quand ces prières furent finies, le prélat officiant ouvrit la Sainte-Ampoule, en fit tomber un peu d’huile qu’il délaya avec l’huile bénite, appelée saint-chrême. Le roi se prosterna devant l’autel sur un grand carreau de velours violet, semé de fleurs de lis d’or, ayant le vieil archevêque, duc de Reims, aussi prosterné à sa droite, et resta dans cette humble posture jusqu’à la fin des litanies chantées par