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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 1.djvu/429

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caractère. Elle ordonna d’abord qu’on ouvrît des routes nécessaires au commerce intérieur, et, pour en payer les frais, elle établit un impôt qui devait rapporter annuellement trois cent mille ducats. Mais ces utiles travaux furent presque aussitôt suspendus que commencés : le produit du nouvel impôt fut employé à d’autres besoins, et, quoiqu’il dût être momentané, la perception en continua toujours.

Cependant Acton fut chargé du ministère de la marine. On attendait de lui la régénération ou plutôt une création nouvelle de la marine napolitaine ; et il débuta par la plus funeste méprise. L’objet d’une marine militaire à Naples devait être de protéger contre les Barbaresques le commerce, qui, en grande partie, consiste dans l’exportation des denrées du pays. Acton s’attacha tout entier à l’idée de donner des vaisseaux de haut-bord et des frégates à un État qui avait principalement besoin de petits bâtimens qui prissent peu d’eau, et qui pussent conséquemment combattre les corsaires partout où ils se retirent dans les anses et dans les plus petits ports. Cette erreur coûta à la nation de fortes sommes, et l’on sacrifia, avec la plus insigne imprudence, les petits bâtimens qu’elle possédait déjà, et qui, armés en corsaires, s’étaient rendus redoutables aux pirates africains.

Malgré le peu de succès de ces innovations, les changemens, les perfectionnemens existaient toujours à la cour de Naples, et l’on songea à porter la réforme dans l’état militaire. D’après les ordonnances de Charles III, l’armée ne devait pas dépasser trente mille hommes ; mais, comme il arrive presque toujours en temps de paix, quand le gouvernement n’y veille pas attentivement, le nombre effectif de l’armée ne s’élevait qu’à la moitié du nombre établi, c’est-à-dire à quinze mille hommes. Le chevalier Acton, après s’être fait donner, outre le ministère de la marine, celui de la guerre, augmenta le nombre des soldats, mais ne changea point le système de dilapidation établi, et ne travailla