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Le comte Du Barry, surnommé le roué, et mademoiselle Du Barry conseillaient ou plutôt sifflaient madame Du Barry, d’après les plans du parti du maréchal de Richelieu et du duc d’Aiguillon. Quelquefois même ils la faisaient agir dans un sens utile à de grands mouvemens politiques. Sous prétexte que le page qui accompagna Charles Ier dans la fuite de ce monarque, était un Du Barry ou Barrymore, on fit acheter, à Londres, à la comtesse Du Barry, le beau portrait que nous avons à présent dans le Muséum. Elle fit placer le tableau dans son salon, et quand elle voyait le roi incertain sur la mesure violente qu’il avait à prendre pour casser son parlement, et former celui qu’on appela le parlement Maupeou, elle lui disait de regarder le portrait d’un roi qui avait fléchi devant son parlement.

Les ambitieux qui travaillaient à renverser le duc de Choiseul se fortifièrent par leur réunion chez la favorite, et vinrent à bout de leur projet. Les dévots qui ne pardonnaient pas à ce ministre la destruction des jésuites, et qui avaient toujours été opposés au traité d’alliance avec l’Autriche, influen-

    demanda à madame Du Barry si Louis XV ne disait pas beaucoup de mal d’elle (madame de Beauvau) et de madame de Grammont : « Oh ! beaucoup. — Eh bien, quel mal de moi, par exemple ? — De vous, Madame ? que vous étiez hautaine, intrigante ; que vous meniez votre mari par le nez. » M. de Beauvau était présent : on se hâta de changer de conversation. »

    (Note de l’édit.)