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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/113

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partie du château. Ces deux officiers, soignés et guéris ensemble, à l’infirmerie de Versailles[1], se quittaient peu ; on les reconnut au Palais-Royal ; ils y furent insultés. La reine jugea qu’il fallait qu’ils quittassent Paris. Elle me dit d’écrire à M. de Miomandre de Sainte-Marie de se rendre chez moi, à huit heures du soir, et de lui communiquer le désir qu’elle avait de le voir en sûreté, et m’ordonna, quand il serait décidé à partir, de lui ouvrir sa cassette, et de lui dire, en son nom, que l’or ne payait point un service tel que celui qu’il avait rendu : qu’elle espérait bien être un jour assez heureuse pour l’en récompenser comme elle le devait ; mais qu’une sœur offrait de l’argent à un frère qui se trouvait dans la situation où il était dans ce moment, et qu’elle le priait de prendre tout ce qui était né-

  1. Un grand nombre de gardes-du-corps, blessés le 6 octobre, s’étaient rendus à l’infirmerie de Versailles. La présence d’esprit de M. Voisin, chirurgien-major de cette infirmerie, leur sauva la vie. Les brigands voulaient pénétrer à l’infirmerie et les y massacrer. M. Voisin court à la pièce d’entrée, les invite à se rafraîchir, fait apporter du vin, et trouve le moyen de dire à la sœur supérieure de faire transférer les gardes dans une salle destinée aux indigens, et de les revêtir des bonnets et des casaques que l’hospice leur fournissait. Les bonnes sœurs exécutèrent cet ordre avec tant de célérité, que les gardes furent transférés, habillés en pauvres, et leurs lits réparés, pendant que les assassins s’amusaient à boire. Ils parcoururent toutes les salles et crurent n’y voir que des pauvres malades ; les gardes furent sauvés.
    (Note de madame Campan.)