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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/117

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rappelle qu’il y eut déjà à cette époque quelques communications entre la reine et lui. Il s’agissait

    reprochera d’avoir enlevé les tribunes au peuple, et d’avoir voulu mettre une ligne de démarcation entre les idées du dogme et de la philosophie ; mais on s’irritera encore bien davantage de ce que j’aurai entrepris une réforme sans l’autorisation préalable des serviteurs de Dieu.

    » Voilà ce qui a amené la décadence de l’esprit humain. Jamais un serviteur de l’autel ne voudra souffrir que le souverain le mette à la place qui lui appartient, et qu’il ne lui laisse que l’Évangile en partage. En effet, n’est-ce pas un sacrilége d’empêcher par des lois que les fils de Lévi ne fassent le monopole de l’esprit humain ?

    » Le principe du monachisme, depuis le père Pacôme jusqu’à nos jours, a été en opposition directe avec le sens commun. Du respect pour les fondateurs des ordres on a passé jusqu’à l’adoration, au point que nous avons vu reparaître le temps où les Israélites allaient processionnellement à Béthel pour adorer les veaux dorés.

    » Ces faux principes se sont répandus dans le vulgaire qui ne connut plus Dieu et espéra tout de ses saints.

    » L’influence des évêques que je rétablirai a surtout pour but de détruire cette erreur du peuple. À l’avenir, c’est l’Évangile seul qui sera prêché, et par des hommes du monde, et non par les moines qui ne débitent que les rêveries des gens exaltés.

    » J’aurai soin que le nouvel édifice que je veux élever soit durable. Les séminaires-généraux seront des pépinières où se formeront de sages ecclésiastiques ; les curés qui en sortiront apporteront un esprit éclairé dans le monde, et le communiqueront au peuple par une sage instruction.

    » C’est ainsi qu’après des siècles d’erreur il y aura de vrais chrétiens qui, lorsque mon plan sera accompli, connaîtront enfin leurs devoirs envers Dieu, la patrie et leur prochain. Nos neveux nous béniront de les avoir affranchis de la tyrannie de Rome, et d’avoir ramené les prêtres à leur devoir, en soumettant leur avenir à Dieu, mais leur présent à la patrie. » (Lettres inédites de Joseph II, empereur d’Allemagne. Paris, 1822.)

    (Note de l’édit.)