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tacle et dans les promenades, sans même qu’il fût venu m’y parler ; que cette conduite m’avait paru toute naturelle ; que, voulant plaire au parti populaire, ou se faire gagner par la cour, il ne devait pas agir autrement à mon égard. La reine termina cette explication en disant : « Oh ! c’est juste, cent fois juste ! On a fort mal choisi cette occasion de vous nuire ; mais observez-vous dans vos moindres démarches. Vous voyez que la confiance que nous vous accordons, le roi et moi, vous fait de puissans ennemis. »

Les communications secrètes qui existaient toujours entre la cour et Mirabeau, finirent par l’amener à une entrevue avec la reine dans les jardins de Saint-Cloud[1]. Il partit de Paris, à cheval, sous prétexte de se rendre à la campagne, chez un de ses amis, M. de Clavières ; mais il s’arrêta à une porte des jardins de Saint-Cloud, et fut conduit, je ne sais par qui, vers un endroit où la reine l’attendait seule, dans la partie la plus élevée de ses jardins particuliers. Elle me raconta qu’elle l’avait abordé en lui disant : « Auprès d’un ennemi ordinaire, d’un homme qui aurait juré la

  1. Ce n’est pas dans son appartement, comme le dit M. de Lacretelle, que la reine reçut Mirabeau ; sa personne était trop généralement connue ; elle se rendit seule dans son jardin, à un rond-point qui est encore sur les hauteurs du jardin particulier de Saint-Cloud.
    (Note de madame Campan.)