Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/143

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la Flandre autrichienne, et pouvait quitter Arras sans que cela fût observé.

La reine ne devait emmener de Paris que sa première femme de service. Elle m’avait prévenue que, si je n’étais pas en fonction à l’instant du départ, elle s’arrangerait pour que je pusse la rejoindre. Elle voulait aussi emporter son nécessaire de voyage. Elle me demanda le moyen de le faire partir, sous le prétexte d’en faire présent à l’archiduchesse Christine, gouvernante des Pays-Bas. J’osai m’opposer fortement à ce projet, et lui représentai qu’au milieu de tant de gens qui épiaient ses moindres actions, on devait raisonnablement prévoir qu’il s’en trouverait d’assez clairvoyans pour deviner que ce présent n’était qu’un prétexte de faire partir ce meuble avant son départ ; elle persista dans cette idée, et tout ce que je pus obtenir, fut que le nécessaire ne disparaîtrait pas de sa chambre, et de convenir avec M. de ***, chargé d’affaires de la cour de Vienne pendant l’absence du comte de Merci, qu’il viendrait à sa toilette lui demander, en présence de toute sa chambre, de vouloir bien commander, pour madame la gouvernante des Pays-Bas, un nécessaire absolument semblable au sien. La reine m’ordonna donc, devant le chargé d’affaires, de commander ce meuble. Cette manière d’exécuter sa volonté n’avait que le léger inconvénient d’une dépense de cinq cents louis, et parut devoir éloigner tout soupçon. Si je n’omets aucune circonstance sur ce qui concerne ce nécessaire,