Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de baptême[1]. Mais, Monsieur » (continua le roi, en lui présentant une copie de sa lettre à Bœhmer), « avez-vous écrit une lettre pareille à celle-ci ? » Le cardinal après l’avoir parcourue des yeux : « Je ne me souviens pas, dit-il, de l’avoir écrite. — Et si l’on vous montrait l’original, signé de vous ? — Si la lettre est signée de moi, elle est vraie. — Expliquez-moi donc, continua le roi, toute cette énigme ; je ne veux pas vous trouver coupable, je désire votre justification. Expliquez-moi ce que signifient toutes ces démarches auprès de Bœhmer, ces assurances et ces billets ? (Le cardinal pâlissait alors

  1. On lit ce qui suit dans la Correspondance secrète :

    « Le cardinal, a-t-on dit, devait découvrir la fausseté des approbations et de la signature apposées au bas du projet : sa place de grand-aumônier le mettait à même de connaître l’écriture de la reine, et de quelle manière signait Sa Majesté. On répond à cette grave objection qu’il y avait très-long-temps que M. de Rohan n’en avait vu l’écriture ; qu’il ne se la rappelait point ; que d’ailleurs ne formant aucun soupçon, il se trouvait sans intérêt à chercher à la vérifier ; que les joailliers de la couronne, auxquels il avait communiqué cet acte, n’en avaient pas non plus aperçu le faux. »

    N’en déplaise aux auteurs de la Correspondance secrète, cette raison ne vaut rien ; car les négocians connaissent mieux les signatures du commerce que celles des cours ; et ils pouvaient fort bien ignorer des usages que M. le cardinal devait savoir : l’abbé Georgel en convient lui-même.

    (Note de l’édit.)