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roi prononcerait son serment : « Sans doute, s’écria un grand nombre de voix ; et le roi debout, tête nue. » M. Malouet observa qu’il n’y avait pas de circonstance où la nation, assemblée en présence du roi, ne le reconnût pas pour son chef ; que c’était manquer à la nation autant qu’au monarque, que de ne pas traiter le chef de l’État avec le respect qui lui était dû. Il demanda que le roi devant prêter son serment debout, l’Assemblée l’entendît aussi dans la même attitude. Sur les remarques de M. Malouet, le décret avait été rapporté ; mais un député breton s’écria d’une voix perçante : « Qu’il avait à proposer un amendement qui mettrait tout le monde d’accord. Décrétons, dit-il, qu’il sera permis à M. Malouet, et à quiconque en aura envie, de recevoir le roi à genoux ; mais maintenons le décret. »

Le roi se rendit à la salle à midi. Son discours fut suivi de plusieurs minutes d’applaudissemens. Après la signature de l’acte constitutionnel, tout le monde s’assit. Le président se leva pour prononcer son discours ; mais, après avoir commencé, voyant que le roi ne se levait pas pour l’écouter, il s’assit à son tour. Son discours fit une grande sensation ; la phrase qui le terminait enleva de nouveaux applaudissemens, des bravos, des cris de vive le roi ! « Sire, disait-il, qu’elle doit être grande à nos yeux et chère à nos cœurs ; qu’elle sera sublime, dans notre histoire, l’époque de cette régénération, qui donne à la France des citoyens, aux Français une