Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/194

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puissance maritime de son pays des efforts que le roi a faits pour relever sa marine, et des résultats heureux qui en ont été la suite pendant la dernière guerre. Il sait que c’est non-seulement la politique, mais l’inclination particulière du roi, de s’occuper de la marine ; que la démarche la plus marquante qu’il ait faite, pendant son règne, a été d’aller visiter le port de Cherbourg. Pitt a servi la révolution française dès les premiers troubles ; il la servira peut-être jusqu’à son anéantissement. Je veux essayer de savoir jusqu’où il compte nous mener, et pour cela j’envoie à Londres M. ***[1]. Il a été lié intimement avec Pitt ; souvent ils ont eu ensemble des entretiens politiques sur le gouvernement français. Je veux qu’il le fasse parler, du moins autant que peut parler un pareil homme. »

Quelque temps après, la reine me dit que son envoyé secret était revenu de Londres, que tout ce qu’il avait pu arracher à Pitt, dans lequel il n’avait trouvé qu’une réserve alarmante, était qu’il ne laisserait pas périr la monarchie française ; que ce serait une grande faute pour la tranquillité

  1. J’avais long-temps pensé que cet agent secret était M. Crawford. Ses Mémoires, que je me suis empressée de lire, m’ont fait perdre cette idée, parce qu’il aurait parlé de cette mission, et j’ai oublié le nom de la personne que la reine avait envoyée à Londres, quoiqu’elle ait eu la bonté de me le confier.
    (Note de madame Campan.)