Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/213

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Quelques jours auparavant, plus de vingt mille hommes s’étaient rendus à la commune pour annoncer que, le 20, ils iraient planter l’arbre de la liberté à la porte de l’Assemblée nationale, et présenter au roi une pétition sur le véto qu’il avait mis au décret pour la déportation des prêtres. Cette horrible armée traversa le jardin des Tuileries et défila sous les fenêtres de la reine. Elle était composée de gens qui s’appelaient les citoyens des faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marceau. Couverts de mauvais vêtemens, tous avaient les figures les plus effrayantes ; et leur émanation infectait l’air. Chacun se demandait où résidait une pareille armée :

    nistres. Ils reconnurent tous la nécessité indispensable du refus de la sanction, et, dans le conseil suivant, ils proposèrent unanimement ce parti au roi, qui l’adopta avec une satisfaction extrême. Mais ce moment de bonheur fut troublé par la proposition que lui fit le ministre de l’intérieur de composer sur-le-champ sa chapelle et celle de la reine de prêtres constitutionnels, comme le moyen le plus sûr de fermer la bouche aux malveillans, et d’achever de convaincre le peuple de son sincère attachement à la Constitution : « Non, Monsieur, non, répondit le roi sur le ton le plus ferme, ne m’en parlez pas ; qu’on me laisse tranquille sur cet article. Quand on a établi la liberté du culte, on l’a rendue générale ; je dois par conséquent en jouir. » L’énergie avec laquelle le roi prononça ces paroles, nous étonna tous et ferma la bouche à M. Cahier de Gerville. » Voyez sur ce sujet, et en général sur les sentimens religieux de Louis XVI, les particularités intéressantes que renferme le troisième volume de ces Mémoires.

    (Note de l’édit.)