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Je passai une partie de la journée aux Feuillans, et Sa Majesté me prévint qu’elle demanderait à Pétion de m’avoir auprès d’elle dans le lieu où l’Assemblée décréterait leur prison ; je retournai donc chez moi préparer tout ce qui m’était nécessaire pour la suivre.

Le même jour (11 août), à neuf heures du soir, je revins aux Feuillans, je me trouvai consignée à toutes les portes ; je réclamai mon entrée à raison de la première permission qui m’avait été donnée ; je fus refusée de nouveau. On me dit que la reine avait assez de monde auprès d’elle. Ma sœur y était restée ainsi qu’une de mes compagnes, sortie le 11 des prisons de l’Abbaye. Le 12, je commençai mes sollicitations ; mes prières et mes larmes ne purent fléchir les gardiens des portes, ni même un député auquel je m’adressai.

J’appris bientôt la translation de Louis XVI et de sa famille au Temple. Je me rendis chez Pétion accompagnée d’un homme que j’avais placé à l’administration des postes[1], et qui m’était très-dévoué. Il voulut monter seul chez Pétion ; il le supplia et lui dit que, lorsqu’on demandait à porter des fers, on ne devait pas être suspect de mauvais

    d’un troisième étage. Ce dernier sacrifice de la tendresse maternelle rend ses derniers momens aussi respectables que son dévouement pour la reine avait été louable et touchant.

    (Note de l’édit.)

  1. M. Valadon.