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petit papier, était contenu dans une couverture d’almanach. Je convins avec M. Gougenot qui, par sa place, devait résider à Paris, qu’il conserverait le procès-verbal du conseil et le reçu des 400,000 francs ; que nous attendrions ou des ordres ou les moyens de faire parvenir ces deux pièces au roi ou à la reine, et je partis pour Versailles.

Chaque jour avait ajouté à la rigueur des précautions qu’on prenait pour garder les illustres prisonniers. L’idée de ne pouvoir faire connaître au roi le parti que j’avais pris de brûler ses papiers, et la crainte de ne pouvoir lui faire parvenir celui qu’il m’avait fait indiquer comme lui étant nécessaire, me livraient à des tourmens auxquels il me paraît surprenant que la santé puisse résister. J’étais de plus tourmentée tous les matins par les craintes et les projets d’une très-honnête personne qui m’a démontré que, dans les temps de troubles civils, la frayeur fait commettre des actions qui servent les factieux, et qu’il faudrait ne confier des secrets importans qu’à des ames fortes, incapables d’éprouver le sentiment de la peur. La couturière qui avait été enfermée huit jours dans mon appartement aux Tuileries pour y faire le plastron du roi, était fort pieuse et fort attachée à la famille royale. Je croyais pouvoir compter sur elle ; mais cette pauvre femme se persuada qu’elle, ses enfans et son mari étaient en danger de périr, si elle n’allait à l’Assemblée déclarer qu’à telle époque on l’avait fait venir au