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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/275

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soit pour périr avec lui. J’espérais alors pouvoir trouver un moyen d’informer Sa Majesté de ce que j’avais cru devoir faire. J’envoyai à Paris un homme dont j’étais sûre, prier M. Gougenot de venir me trouver à Versailles : il y vint aussitôt. Nous convînmes qu’il verrait M. de Malesherbes sans se servir d’aucun intermédiaire pour y parvenir.

M. Gougenot fut attendre à la porte de son hôtel le moment où il revenait du Temple, et il lui fit signe qu’il avait à lui parler. Un instant après, un domestique vint l’introduire dans la chambre de ce magistrat. Il lui confia ce que j’avais jugé convenable de prendre sur moi relativement aux papiers du roi, et lui remit le procès-verbal du conseil que Sa Majesté avait conservé pour servir éventuellement dans ses moyens de défense. Cependant il n’est pas question de cet écrit dans les discours de son défenseur ; on ne voulut probablement pas en faire usage.

Je m’arrête à l’affreuse époque de l’assassinat d’un roi dont on connaît les divines vertus ; mais je ne puis m’empêcher de rapporter ce qu’il n’avait pas dédaigné de dire en ma faveur à M. de Malesherbes : « Faites connaître à madame Campan qu’elle a fait ce que je lui aurais ordonné moi-même de faire ; je l’en remercie ; elle est du nombre des gens que je regrette de ne pouvoir récompenser de leur fidélité à ma personne, et de leurs bons services. » Je n’en fus instruite que le lendemain de son supplice, et j’aurais, je crois, succombé à