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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/307

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disant de retourner à Paris et d’assurer leurs concitoyens de l’amour du roi pour le peuple de sa capitale. Ce fut alors qu’un particulier que je ne connaissais pas, et que j’ai su depuis se nommer le marquis de Favras, me proposa de faire donner à un nombre de gentilshommes là présens des chevaux des écuries du roi, et qu’ils iraient au-devant des Parisiens pour les forcer à rétrograder. Je lui répondis que les chevaux des écuries du roi, n’étant point dressés au genre de service qu’il proposait, y serviraient fort mal et exposeraient inutilement leurs cavaliers. Je rentrai chez le roi pour lui rendre compte de ma conversation avec ces femmes. Peu après le roi rassembla le conseil ; il était nuit. À peine étions-nous assis, qu’un aide-de-camp de M. de La Fayette, nommé Villars, m’apporta une lettre que ce général m’écrivait d’auprès d’Auteuil, à une demi-lieue de Paris : il me mandait qu’il était en marche avec la garde nationale parisienne, soldée et non soldée, et une partie du peuple de Paris, qui venaient faire au roi des représentations. Il me priait d’assurer Sa Majesté qu’il ne se passerait aucun désordre, et qu’il en répondait. Malgré ce ton de confiance, il est certain que La Fayette avait été entraîné à Versailles malgré lui, au moment où il s’efforçait d’arrêter sur le Pont-Royal les anciens gardes-françaises déjà en marche. Il n’en est pas moins vrai qu’il s’était familiarisé à l’idée de marcher à Versailles, depuis la première fois qu’il m’en avait écrit.