Aller au contenu

Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/326

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tez-le. » À ces expressions qu’il n’appartenait pas à la société des jacobins de Clermont d’avoir inventées, je m’écriai : La nouvelle est vraie !

J’exprimerais mal mon désespoir, et il occuperait une place trop secondaire dans le récit d’un événement si important. Je sus à l’instant même qu’un courrier étant venu de Paris à Clermont, le procureur de la commune en avait fait partir pour tous les chefs-lieux de canton, ceux-ci pour les simples districts, et les derniers pour les villages et les hameaux. C’était par cette filière, due à l’établissement des clubs, que la triste nouvelle du malheur de mes maîtres était venue me trouver dans le lieu le plus sauvage de la France, et au milieu des neiges dont nous étions environnés.

Le 28, je reçus un billet que je reconnus être de la main de M. Diet, huissier de la chambre de la reine, mais dicté par Sa Majesté. Il contenait ces mots : « J’arrive à l’instant ; je viens d’entrer dans mon bain. J’existe, ainsi que ma famille. J’ai bien souffert. Ne rentrez à Paris que lorsque je vous ferai mander. Prenez bien soin de mon pauvre Campan, adoucissez sa douleur. Espérez des temps plus heureux. »

Ce billet, pour plus de sûreté, était adressé au valet de chambre de mon beau-père. Combien je fus touchée en voyant qu’après la crise la plus cruelle, nous avions été un des premiers objets des bontés de cette infortunée princesse !

M. Campan n’ayant pu faire aucun usage des