Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/38

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lemens eurent amené la nécessité des états-généraux, on discuta long-temps, dans le conseil, s’il fallait les assembler à Versailles, ou à quarante ou soixante lieues de la capitale : la reine adopta ce dernier avis, et elle insista auprès du roi pour que l’on s’éloignât de l’immense population de Paris. Elle craignait dès-lors que le peuple n’influençât les délibérations des députés : plusieurs mémoires furent présentés au roi, sur cette importante question ; mais l’opinion de M. Necker prévalut, et Versailles fut le lieu indiqué : ce qui peut faire présumer que M. Necker, dans ses projets, sans supposer qu’ils pussent aller jusqu’à l’anéantissement de la monarchie, comptait que les mouvemens populaires, qu’il se flattait sans doute de diriger, lui seraient utiles.

    M. de Calonne. Chacun des bureaux de cette assemblée était présidé par un prince du sang. Le premier bureau avait pour président Monsieur, aujourd’hui S. M. Louis xviii.

    « Monsieur, dit un écrit du temps, se couvrit de gloire à l’assemblée des notables de 1787. Il ne manqua pas un seul jour de présider son bureau, et il y développa des vertus vraiment patriotiques. Ses soins à discuter les matières les plus sérieuses d’administration, à les éclaircir, à défendre les intérêts et la cause du peuple, inspirèrent même une sorte de jalousie au roi. Monsieur ne cessa de penser et de dire hautement : « Qu’une résistance respectueuse aux ordres du monarque n’était pas blâmable, et qu’on pouvait combattre l’autorité par des raisonnemens, et la forcer, en quelque sorte, à s’éclairer, sans lui manquer en rien. »

    (Note de l’édit.)