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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/384

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niqua son plan à plusieurs royalistes de sa connaissance, qu’il jugea les plus disposés à l’aider de leur bourse ; mais il en obtint beaucoup plus d’éloges que de confiance.

» Le hasard fit, qu’à cette même époque, Monsieur, frère du roi, privé depuis plusieurs mois de la jouissance de ses revenus, par une suite des différentes opérations de l’Assemblée, et ayant des paiemens considérables à faire dans le mois de janvier, s’occupait des moyens de satisfaire à ses engagemens, sans être à charge au Trésor public. Pour y parvenir par une voie moins onéreuse que celle de toute espèce d’emprunt, dans un moment aussi critique, ce prince avait formé le projet d’aliéner des contrats à la concurrence de la somme qui lui était nécessaire. M. de Favras qui, quelques années auparavant, avait servi dans les gardes-suisses de Monsieur, lui fut indiqué, par le marquis de La Châtre, comme très-propre à faire réussir cette négociation auprès des banquiers Schaumel et Sartorius ; S. A. R. souscrivit en conséquence une obligation de deux millions, et chargea son trésorier de suivre cette affaire.

» Les propos indiscrets de quelques-uns des nombreux confidens du plan de M. de Favras, et l’imprudence qu’il eut lui-même de mêler et de suivre à la fois des démarches qui y étaient relatives, et celles qui concernaient la négociation des deux millions souscrits par Monsieur, excitèrent l’attention et les inquiétudes du comité des recherches. Il fit arrêter M. et madame de Favras, dans la nuit du 24 au 25 décembre, et les accusa « de conspiration contre l’ordre de choses établi par le vœu de la nation et du roi ; d’avoir formé à cet effet le complot d’introduire, pendant la nuit, des gens armés dans la capitale, pour se défaire des trois principaux chefs de l’administration, attaquer la garde du roi, enlever le sceau de l’État, et entraîner Leurs Majestés vers Péronne ; d’avoir tenté de corrompre quelques personnes de la garde nationale, en cherchant à les égarer par des promesses et des confidences trompeuses ; d’avoir eu des conférences avec des banquiers pour se ménager des sommes très-considérables, et avec d’autres personnes,