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Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/5

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corrompue, devait essentiellement attaquer le caractère de la reine, et porter l’atteinte la plus directe à la majesté du trône et au respect qui lui est dû.

Je vais parler de cette fameuse intrigue du collier acheté, disait-on, pour la reine par le cardinal de Rohan. Je n’omettrai pas une seule des circonstances qui ont été à ma connaissance : les moindres détails prouveront à quel point la reine devait être éloignée de craindre le coup qui la menaçait, et qu’on doit attribuer à une fatalité que la prudence humaine ne pouvait prévoir, mais dont, à la vérité, elle pouvait se dégager avec plus d’habileté[1].

J’ai dit qu’en 1774, la reine avait acheté du joaillier Bœhmer des girandoles de trois cent soixante mille francs, les avait payées sur les propres fonds de sa cassette, et avait mis plusieurs années à effectuer ce paiement. Depuis ce temps, le roi lui avait fait présent d’une parure de rubis

  1. Pour bien comprendre le récit que va tracer l’auteur de ces Mémoires, pour sentir de quelle importance est son témoignage historique dans cette malheureuse intrigue, il faut en savoir les principaux faits. Il existe un grand nombre de circonstances remarquables qui se lient au récit de madame Campan, sans en faire partie, parce qu’elle n’a parlé que de ce qu’elle savait bien. Une foule de personnages ont joué un rôle vil ou coupable dans cette scène honteuse : on a besoin d’en connaître les acteurs. Nul n’a été mieux instruit que l’abbé Georgel ; mais en même temps nul ne fut plus dévoué au cardinal de Rohan, ne se montra plus ingénieux à lui trouver des moyens de défense, plus habile, quoi-