Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/145

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cieux d’exister dans une classe distinguée, non par de vains titres, mais par les lumières inappréciables de l’éducation ? Je crois donc servir la sensibilité de mon fils, et je ne crains pas de blesser un orgueil qui ne doit pas exister dans un cœur vertueux, en lui apprenant que, du côté paternel et maternel, il n’est que le quatrième de sa lignée vivant dans les villes et jouissant d’une considération acquise par le travail et les talens ; que cette courte possession d’une existence qui doit lui plaire l’engage à ne pas laisser retomber sa famille au point d’obscurité dont elle ne fait que sortir : ce qui serait d’autant plus aisé, qu’il n’a point de fortune patrimoniale, et qu’aux avantages près de l’éducation soignée qui lui est donnée tous les jours, il est déjà au point d’où sont partis ses aïeux paternels et maternels.

P.-D. Berthollet, son aïeul paternel, est né dans la vallée de Campan, près de la ville de Tarbes, dans le Béarn ; ses parens possédaient un petit bien patrimonial dans cette paisible vallée où régnaient, même dans ces temps, l’égalité la plus parfaite et des franchises qui existaient encore à l’époque de 1789. Le jeune Berthollet voulut servir son pays ; mais n’étant point né dans la classe à laquelle étaient exclusivement réservés les grades d’officiers, il fut obligé de borner toute son ambition au simple mais honorable titre de soldat. Il porta les armes vingt ans : quelques années d’une éducation qu’il avait reçue à Toulouse, son intelligence, son