Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/147

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auprès d’elle ; dans ce cas ils avaient même l’honneur de lui donner la main. Ils servaient son déjeuner ou son dîner, conjointement avec les femmes, lorsqu’elle mangeait dans sa chambre ; ils allaient porter ses ordres chez ses enfans ou chez ses dames du palais ; enfin, ils étaient positivement les valets de chambre de l’intérieur le plus privé, les douze officiers qui portaient ce titre n’entrant jamais dans l’intérieur de la princesse et ayant leurs fonctions bornées à tout ce qui regardait les heures de représentation. Cette place rapportait huit à neuf mille livres de rentes ; et comme elle procurait l’avantage d’être toute la journée sous les yeux de la souveraine, en parvenant à lui plaire par son adresse et son intelligence, elle était souvent une source de faveurs plus importantes pour les familles de ceux qui les possédaient.

M. Campan, ainsi pourvu, épousa une femme vertueuse et spirituelle, mais privée des avantages de la fortune par un père qui avait tout dissipé et qui ne lui laissa rien au monde quoiqu’il fût né fort riche[1]. Il se nommait Hardivilliers. Il était d’une des familles de la plus ancienne bourgeoisie de Paris ; il avait même un frère qui, par son mérite, avait été élevé dans l’état ecclésiastique à la dignité d’évêque. (J’ai oublié le nom de l’évêché.)

  1. Elle fut pourvue d’une place de femme de chambre de madame Adélaïde, fille de Louis XV.
    (Note de madame Campan.)