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les suffrages de ceux qui ne portent pas assez de bienveillance à la jeunesse, pour songer au mal que lui font des éloges donnés hors de propos. Son père, homme à la fois sensible et réfléchi, ne s’est pas déguisé les défauts qui auraient pu nuire au bonheur de ses enfans. Il a béni le décret qui assure aux familles des légionnaires le moyen de donner à leurs filles une éducation modeste et distinguée. Les larmes de mon Élisa ont coulé de nouveau sur la mort de son père. Il a laissé, il est vrai, à sa famille de glorieux souvenirs ; mais l’ordre de la Légion d’honneur n’étant pas établi à l’époque où nous avons eu le malheur de le perdre, il ne nous a pu laisser aucun droit pour solliciter l’admission de sa fille à Écouen. Elle a souffert de voir sa jeune amie si peu pénétrée des avantages qui l’attendent dans la maison impériale, et elle a entrepris de les lui faire sentir, pour la mettre en état d’en profiter. Voilà, Madame, le but louable de la correspondance que j’ose soumettre à votre volonté.

Mon Élisa vous présente ses plus tendres respects : combien elle serait heureuse de vous revoir, et de passer encore quelque temps auprès de vous ! Conservez-lui, Madame, une amitié dont elle a su dès son enfance apprécier la valeur, et recevez de nouveau l’assurance des sentimens, etc., etc.