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LETTRE XIII.

De la même à la même.

Fréville, ce 5 mai 1808.

J’ai reçu le même jour, ma chère Zoé, tes deux lettres datées d’Écouen et de Paris. J’ai lu avec attendrissement l’expression de ta surprise lorsque tu as appris de madame la Directrice qu’elle a bien voulu se charger de notre correspondance. Ma chère Zoé, ton ame est faite pour des sentimens louables, et tout ce que tu accordes de retour à ma tendresse, ajoute encore à celle que j’ai pour toi. Tu le vois, lorsqu’on agit pour le bien, on n’a rien à redouter des plus sévères règlemens. Cette même personne qui interdit les correspondances inutiles, se charge de la nôtre. N’est-ce pas déjà un motif de l’aimer et de reconnaître sa justice ?

Je ne vois pas pourquoi tu as été blessée de la réflexion de la duchesse. L’usage du monde et le maintien sont des choses qui s’apprennent, et les conseils de cette dame indiquent seulement l’intérêt que tu lui inspires. Tu blâmes les femmes de la capitale et celles qui sont placées dans le grand monde, de s’ériger en juges sur les grâces et les bonnes manières. Mais, ma Zoé, oublies-tu donc