Te sachant en route, mon Élisa, j’ai ralenti notre correspondance. Je vais me dédommager d’un silence qui m’a été pénible, en te parlant de la fête que nous avons eue hier pour l’anniversaire d’un jour célèbre dans la vie de Napoléon. Cette fête, ordonnée par le Grand-Chancelier, aura lieu tous les ans ; si je parvenais à y figurer aussi honorablement que deux de mes compagnes l’ont fait hier, je me trouverais bien heureuse.
La solennité de notre fête a commencé par une grand’messe exécutée en musique. Un des aumôniers a prononcé un discours relatif à l’événement que nous célébrions.
À la sortie de la messe, toute la maison s’est rendue en procession à une allée qui porte le nom d’allée des premières. Là, mademoiselle Caroline de R......, première des grandes, et mademoiselle Juliette R......, première des petites, ont planté chacune un arbre auprès duquel on a placé un poteau et une inscription portant leurs noms et la date de la fête. Les deux arbres, garnis de rubans de