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LETTRE XXXVI.

Zoé à Élisa.

Écouen, ce 25 décembre 1808.

Que je suis heureuse, mon Élisa ! j’ai vu mon père et ma mère. J’ai trouvé mon père tout-à-fait guéri de ses blessures. Il espère obtenir de l’emploi en Espagne, il vient à Paris pour en demander : Napoléon se souviendra des champs d’Austerlitz, mon père ose y compter. Quelques campagnes lui sont encore nécessaires pour monter au grade de général de division, et il désire les faire pour le bien de sa famille. Il nous disait cela en nous tenant toutes deux serrées contre son cœur. Ma mère pleurait : « Voyez, mes enfans, disait-elle, ce qu’est un brave et un bon père. » Ils ont été tous deux contens des changemens qu’ils ont remarqués en moi. Ma taille et surtout ma manière de me tenir, les ont beaucoup frappés. Que j’ai eu de joie à les revoir ! et combien je sentirai mieux l’avantage de vivre près d’eux, après en avoir été si long-temps séparée !

Mon père et ma mère sont repartis le même soir ; ils reviendront bientôt passer une semaine dans le village d’Écouen.