Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/286

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au moment que le danger a été évident, avait fait craindre à quelques-unes des grandes élèves qu’elle ne fût peu touchée de sa mort. Combien elles se sont reproché d’avoir porté un jugement si faux et si offensant pour le cœur de cette pauvre enfant ! Il est impossible d’éprouver une douleur plus profonde. Lorsqu’elle fut instruite de la perte qu’elle avait faite, elle s’empara des plus petits objets qui avaient appartenu à sa sœur ; elle les baigna de larmes, et depuis ce temps elle les porte sur elle. La maladie est calmée, et les petites convalescentes sont déjà levées dans les dortoirs dont on a formé de vastes infirmeries.

Écris-moi, mon Élisa : je sens que le presbytère de Fréville fournit encore moins d’événemens à raconter que n’en offre la réunion de trois cent cinquante personnes ; mais tu trouves dans ton cœur, dans ton esprit et dans les entretiens de ton oncle, tant de choses précieuses pour notre correspondance, qu’un peu de paresse peut seule te porter à la ralentir. S’il te faut une amie indocile pour faire renaître ton ancienne exactitude à m’écrire, que ferai-je ? Puis-je regretter d’avoir mis tant d’empressement à répondre à tes soins, en me corrigeant d’une partie de mes défauts ? Tu le vois, mon Élisa, j’acquerrai le droit de te gronder à mon tour si je ne reçois promptement une longue lettre de toi.