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LETTRE XLVIII.

Élisa à Zoé.

Fréville, ce 12 juin 1809.

Que d’événemens heureux j’ai à te raconter, ma chère Zoé ! La première lettre de mon frère ne contenait que quelques lignes écrites peu d’heures après le combat ; nous venons d’en recevoir une seconde. Quoique ma main tremble encore de la vive émotion que je viens d’éprouver, je prends la plume pour te faire jouir de notre bonheur. Bon et aimable Charles ! à quels dangers ses jours ont été exposés ! Ce n’est pas assez d’avoir couru les chances funestes d’un combat ; une espèce de duel, au milieu du champ de bataille, vient de placer notre jeune brave au nombre de ceux qui ont eu l’honneur d’être remarqués par leur général en chef ; il a combattu et vaincu un commandant de hullans qui paraissait vouloir, en quelque sorte, braver sa jeunesse. Napoléon a daigné le nommer capitaine et membre de la Légion d’honneur sur le champ de bataille. La voilà, cette croix ! Voilà les portes d’Écouen ouvertes à ton amie, et cette réunion tant désirée aura lieu incessamment.

Le croiras-tu ? Charles n’a pas un instant oublié