Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/33

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frais, que je le juge avoir été fait pour le jour même où je devais aller à Paris. Elle le portera tout l’été ; les Tuileries doivent être leur promenade des dimanches et des jours de fêtes. Adressez-vous au limonadier de la terrasse des Feuillans, les enfans y prennent des rafraîchissemens ; vous la découvrirez par ce moyen. » Le Bel suivit les ordres du roi ; et, dans l’espace d’un mois, il découvrit par ces perquisitions la demeure de la jeune fille ; il sut que Louis XV ne s’était trompé en rien sur les intentions qu’il supposait. Toutes les conditions furent aisément acceptées ; le roi contribua, par des gratifications considérables pendant deux années, à l’éducation de mademoiselle de Romans. On lui laissa totalement ignorer sa destinée future ; et, lorsqu’elle eut quinze ans accomplis, elle fut menée à Versailles sous le simple prétexte de voir le palais. Elle fut conduite, entre quatre ou cinq heures de l’après-midi, dans la galerie de glaces, moment où les grands appartemens étaient toujours très-solitaires. Le Bel, qui les attendait, ouvrit la porte de glace qui donnait de la galerie dans le cabinet du roi, et invita mademoiselle de Romans à venir en admirer les beautés. Rassurée par la vue d’un homme qu’elle connaissait, et excitée par la curiosité bien pardonnable à son âge, elle accepta avec empressement, mais elle insistait pour que Le Bel procurât le même plaisir à ses parens. Il l’assura que c’était impossible ; qu’ils allaient l’attendre assis dans une des fenêtres de la