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Page:Canora - Poèmes, 1905.djvu/107

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PÈLERINAGE


 
J’aimais Bruges, jadis, pour sa triste beauté,
Ses palais endormis dans leur splendeur antique,
Son beffroi, dont l’airain gronda sur la cité.
J’aimais ses prieurés et ses cloîtres gothiques
Le long des canaux morts pâlement reflétés.

J’aimais, en la tiédeur des soirs crépusculaires,
Où l’angelus léger flotte et palpite encor,
Le lac d’amour qui tremble au crépuscule d’or,
Tandis que, lentement, des voûtes séculaires,
Un cantique montait vers les étoiles claires.

J’aimais, quand j’étais las des troublantes clameurs,
Revoir et contempler dans une paix profonde
Les vierges de Memling aux chevelures blondes
Qui lèvent vers le ciel leurs grands yeux bleus rêveurs
Et de leurs pieds mignons foulent des prés en fleurs.