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Page:Canora - Poèmes, 1905.djvu/109

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la lente épreuve

 
Ô ! pourquoi pleures-tu, ma pâle bien-aimée,
Tu rêvas tout le jour entre mes bras pâmée.
J’ai baisé tes grands yeux, profonds comme le ciel,
J’ai baisé ton front pur et ta bouche de miel,
J’ai couvert ton blanc col de mes tièdes caresses,
Mes doigts ont dénoué tes odorantes tresses,
Et ma lèvre a frémi sur ton cœur palpitant.
Ô ! ne pleures-tu pas, de m’avoir donné tant ?
En ce matin d’avril où je vins sur ta route.
Tu ne connaissais pas les tortures du doute ;
Pour moi, tu brisas tout, les craintes, les remords…
Peut être maudis-tu nos douloureux transports ?
Non, contente d’avoir exaucé ma prière,
Tu pleurais sur la fin de nos ivresses chères,
Ainsi qu’un voyageur, au détour du chemin,
Devine le désert qu’il bravera demain
Et déjà, prévoyant les souffrances prochaines,
Pleure au ressouvenir des courses sous les chênes.


 « Des chansons d’amour, des parfums subtils,
 « Aux rayons joyeux du soleil d’avril,
 « Montent vers le ciel en ondes légères… »
Tu te souvenais des paroles claires
Que nous échangions le long des sentiers,
Moissonnant tous deux les fleurs d’églantier.