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Page:Canora - Poèmes, 1905.djvu/134

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röslein

 

Jette les lourds regrets qui pressent ton cœur las,
Comme des rameaux morts, aux flots profonds du fleuve,
Et renouvelle-toi parmi les choses neuves.
Les vierges alentour cueillent de frais lilas.

Suis ces vierges, ami, car il en est d’exquises
Dont la bouche est rieuse et vermeille aux baisers ;
L’une d’elles saura t’étreindre et te griser
Des caresses d’amour qu’elle t’aura promises.

Sur sa beauté charmeuse épuise ton désir,
De son âme d’enfant fais ton plus cher asile
Et, quand tu revivras, vainqueur du souvenir,
Relève ton front jeune et retourne à la ville.

Là, tu diras l’orgueil des âpres conquérants,
La honte du carnage et des cris déchirants ;
Dans le silence frais des tranquilles vallées,
Les râles douloureux des femmes affolées
Et des mères, tordant leurs bras vers l’infini,
Tu chanteras la paix, les Dieux cruels bannis,
Heureux de révéler aux nations humaines
La splendeur des moissons qui germent dans les plaines,