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Page:Canora - Poèmes, 1905.djvu/148

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IV

LE RÉVEIL


 
« Quels étranges rayons empourprent les ramures ?
« Ai-je dormi si tard ? L’ombre, sur la nature,
« Descend comme un linceul impalpable et glacé… »

Et la femme, d’un bond, dressa son corps lassé.
Rapide, elle courut les longs tapis de mousse.
Un angoissant remords la tourmente, la pousse,
Elle va frissonnante. Elle franchit d’un saut
Troncs d’arbres abattus, épines et ruisseaux
Et dévora la sente, et traversa la plaine,
Et gravit la colline, et là, perdant haleine,
Quand l’astre disparut au couchant violet,
Effleura le rocher de sa main qui tremblait,
Courba sur le chemin sa forme agenouillée…
gerbe n’était plus qu’une loque souillée :
Pale, elle la serra sur son cœur palpitant
Et dans la froide nuit, s’enfuit en sanglotant.