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Page:Canora - Poèmes, 1905.djvu/154

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voyages !

 

Fuirons-nous vers Séville aux jardins odorants,
Vers les pics du Valais que dore un soir mourant
Où l’île Borromée aux terrasses fleuries,
Dont les doux orangers versent leur griserie
Sur le lac murmurant ?

Il est aussi là-bas une ville où nous fûmes,
Où des cloches d’argent palpitent dans la brume,
Où tu pleuras, un soir, contre mon cœur lassé.
Y repasserons-nous l’un à l’autre enlacés,
Le cœur sans amertume ?

Ou bien veux-tu me suivre où nul n’était venu
Par les forêts d’Afrique aux périls inconnus,
Où la mort chaque nuit guettera nos caresses ?
Là je m’endormirais souriant, ma maîtresse,
Le front sur tes seins nus !

Alors, sans répondre à mon vœu suprême,
Tu tendis vers moi, pâle, tes grands yeux
Où j’ai lu : « pourquoi rêver d’autres cieux ?
« Je ne puis te suivre et pourtant, je t’aime !