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Page:Canora - Poèmes, 1905.djvu/196

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vers l’humanité

 
Ou médite les lois de la vie et du monde,
Tout travailleur est grand, et sa tâche est féconde,
S’il donne ses bras forts, son esprit ou son cœur.
Je veux donc qu’il espère en son digne labeur.
Je lui dirai : « Jadis, des légendes trompeuses
« Vouèrent l’être humain aux tâches douloureuses,
« Afin qu’il expiât, dans l’ombre et le mépris,
« Par les ordres de Dieu, l’orgueil d’avoir appris.
« Il ne lèverait plus sa misérable face
« Que pour prier. Eh bien, regarde par l’espace
« Les vignes et les champs croître sous le soleil.
« Vois, sur les coteaux bleus, la vigne au fruit vermeil !
« Le travail, c’est le Dieu qui créa ces richesses !
« Il sauva tes aïeux aux heures de détresse ;
« II les rendit vainqueurs des tigres et des loups,
« Abattit des forêts immenses sous leurs coups,
« Façonna par leurs mains les métaux et la pierre ;
« Des torrents écumeux fit de lentes rivières,
« Et, sur les pics abrupts, édifia des tours !
« C’est le travail, qui doit t’apporter quelque jour,
« Non pas le châtiment, mais l’allégresse fière
« De pétrir à ton gré la subtile matière.
« Par lui, tout artisan sera l’égal d’un roi,
« Et les peuples unis grandiront sous sa loi !
« Et moi je chanterai ses fécondes conquêtes
« Quand le printemps nouveau mettra la terre en fête…