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Page:Canora - Poèmes, 1905.djvu/217

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vers l’humanité

 

« Lorsque les vents d’Été font courir un frisson
« Sur l’océan doré des lointaines moissons,
« Si tu sens, en ton cœur, naître un désir superbe
« De donner à celui qui fait croître une gerbe
« Une part d’idéal aux siècles à venir,
« Tu sentiras mon cœur, comme le tien bondir !

« Aux mois d’automne, si, d’une marche plus lente,
« Tu traverses les bois pleins de senteurs troublantes
« À l’heure où le couchant caresse le chemin
« D’un long baiser muet… Si, de voir sur ta main
« Tomber comme une larme une feuille pâlie,
« Tu souffres. — Nous aurons même mélancolie,

« Si tu songes, l’hiver, devant les hameaux blancs,
« Où gîtent, le front pâle et les membres tremblants,
« Des frères inconnus qui n’ont point d’espérance,
« À ce que l’avenir récèle de souffrance
« Pour notre Humanité que guette au loin la mort,
« Au néant de lutter, je te dirai : sois fort.

« Sois libre ; de tes mains, brise les lourdes chaînes
« Que nous mettent au cœur l’égoïsme et la haine,
« Domine les longs flots des siècles agités
« D’où tu verras surgir l’éternelle beauté !