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Page:Canora - Poèmes, 1905.djvu/74

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angoisse au soir


Comme en un tourbillon, il voit passer les jours
Des hommes, leurs espoirs, leurs rêves de jeunesse,
Puis le spectre tremblant de leur pâle vieillesse
Et la mort, qui les guette et les rejoint toujours.

Toi qui rêves d’amour, heureuse fiancée,
La mort va t’enlacer… et ses ongles pointus
Déchireront ta chair… et dans ses crocs aigus,
Au-dessus du néant tu seras balancée.

Poète qui voudrais mourir, tu le verras,
Tout à coup devant toi, se dresser face à face,
Le blanc spectre, à la voix glapissante, qui glace
Et ton orgueil sera vaincu ; tu trembleras.

L’homme pour un instant est un roseau qui pense,
Mais il n’est qu’un roseau qui penche et se flétrit.
Le poète se sent défaillir et pâlit,
Autour de lui, s’étend la solitude immense.