vous avez combattu vaillamment les ennemis de notre pays, et vous êtes sorti sain et sauf de tous les combats. Eh bien ! j’espère que Dieu me donnera votre vaillance et m’accordera le bonheur de vous embrasser après la victoire !
Un long silence suivit ces dernières paroles. Puis le père et la mère Lormier, après avoir pressé Jean-Charles sur leur cœur, lui dirent :
« Pars, enfant ! nous prierons Dieu pour toi ! »
Jean-Charles devait partir dans deux jours. Il mettait la dernière main à ses préparatifs, lorsqu’il entendit frapper à la porte. Il alla ouvrir, et se trouva en présence de l’abbé Faguy. Le curé portait un fusil sous le bras.
— Bonjour, M. le curé ! Est-ce que vous venez à la guerre, vous aussi ? lui demanda le jeune homme en riant.
— Oui, mon brave, je vais faire la guerre aux gibiers, et je viens vous prier de me servir de capitaine.
— Je vous servirai plutôt de lieutenant ; et je vous remercie de me fournir l’occasion de m’exercer la main avant de me trouver en face des Américains !
Il décrocha son fusil, et partit avec son aimable précepteur et ami.