Page:Caouette - Le vieux muet ou un Héros de Châteauguay, 1901.djvu/112

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Le médecin conduisit le père Lormier dans la chambre où son fils reposait, la tête presque entièrement enveloppée de bandages.

Debout comme une statue, et la tristesse peinte sur la figure, le vieillard, muet, regardait ce spectacle navrant. Tout à coup, il s’approcha du lit et mit son oreille près de la bouche du malade, afin de s’assurer s’il vivait encore ; puis ayant entendu sa respiration, il se releva un peu tranquillisé. Revenu auprès du docteur, il le pria de lui dire franchement toute la vérité.

— Votre fils n’est pas en danger, répondit le Dr Chapais, et je vous assure qu’il guérira complètement ; mais je ne crois pas qu’il puisse quitter la chambre avant cinq ou six semaines. Et, d’ailleurs, c’est le désir de M. le curé que Jean-Charles se rétablisse ici.

— Eh ! soupira le père Lormier, comment vais-je m’y prendre pour annoncer cette triste nouvelle à ma femme et à mes pauvres filles…

— Tenez, mon ami, dit l’abbé Faguy, voici ce que vous devez faire. D’abord, vous êtes trop bon chrétien pour ignorer que rien ne peut arriver sans la permission de Dieu. Eh bien ! allez dire franchement à votre famille : « Notre pauvre Jean-Charles a reçu des blessures en luttant contre une ourse pour sauver la vie du curé, mais ses blessures ne sont point graves. Cependant, il n’est pas revenu avec moi, parce