M. de LaRue était le plus intègre des citoyens, et le plus dévoué des préfets.
Pénétrons dans le cabinet de ce personnage la veille au soir des vacances de 1817.
Jean Charles s’est éclipsé dans un coin et joue le rôle de souffleur.
Il s’agit d’un discours que le président doit prononcer le lendemain dans les deux écoles de la paroisse
L’orateur se promène majestueusement, fait des efforts de mémoire, se donne de l’importance. Mais, tout à coup, au beau milieu d’une période, il se perd, attend le mot, se retourne, et… au lieu du mot qui reste dans la gorge de Jean-Charles, il entend une joyeuse voix qui lui jette ce cri : « Bonjour, cher papa ! »
— Bonjour, ma petite Corinne ! dit le bourgeois, en rendant à la jeune fille baisers et caresses ; ta santé est bonne, j’espère ?
— Oui, cher papa, excellente !
— Tu dois être bien fatiguée, et de l’étude et du voyage, ma petite Corinne ?
— Non, cher papa, pas trop ! Le voyage a été charmant ; je suis revenue de Montréal avec mes deux aimables compagnes, Antoinette et Marie-Louise Lormier.
— Ah ! avec les sœurs de M. Lormier que tu vois ici, et que tu connais sans doute ?
La jeune fille resta un peu confuse en