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qu’il venait de m’enlever un pistolet que, sous l’influence de la boisson, j’avais dirigé contre lui, avec l’intention de le tuer.

« Je déclare de plus que mon frère m’a toujours témoigné la plus vive affection et que j’ai été sans cesse l’objet de sa plus grande sollicitude.

« En foi de quoi j’ai signé. »

— Oui, M. le curé, je vais signer cette déclaration avec bonheur, et je vous prie de demander à mon frère de bien vouloir me pardonner tout le mal que je lui ai fait, et de m’accorder l’aumône de ses bonnes prières.

Victor prit la plume que le curé lui présenta, mais elle lui échappa des mains ; il était trop faible pour la tenir. Cependant, soutenu d’un côté par le curé et de l’autre par le Dr  Chapais, il réussit enfin à écrire très lisiblement son nom au bas de ce précieux document, qui réhabilitait Jean-Charles dans l’opinion publique et lui ouvrait en même temps les portes du sacerdoce…

Épuisé par les efforts qu’il avait faits, le blessé ne pouvait plus prononcer une seule parole ; mais au mouvement de ses lèvres et à la fixité de ses regards sur le petit crucifix, on devinait qu’il priait.

Le curé récita les prières des agonisants, auxquelles tous les assistants, émus, répondirent avec ferveur.