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paraître. Il avait dormi douze heures… Le fugitif ne se sentait plus fatigué du tout, mais la faim et la soif lui causaient maintenant des douleurs insupportables.

Il sortit de sa cachette, et, après de longues recherches, ne put trouver rien autre chose à se mettre sous la dent que des fraises.

L’eau pure, dans ces parages, était presque aussi rare que les substances nutritives.

Enfin, il trouva un large et clair ruisseau où il étancha sa soif dévorante. Tout à coup, il aperçut son image dans le cristal de l’onde, et recula en poussant un cri de surprise et de douleur : il venait de constater que ses cheveux étaient devenus aussi blancs que la neige !

Dans deux jours, le malheur l’avait vieilli de vingt-cinq ans…

Il s’assit sur le bord du ruisseau en faisant cette amère réflexion ; « Je n’ai que quarante-un ans et j’ai déjà l’apparence d’un vieillard ! »

L’infortuné était là depuis longtemps, l’œil perdu dans l’espace, lorsqu’il fut tiré de sa rêverie par un bruit vague, lointain, qui ressemblait à l’aboiement du chien.

« Voilà mes ennemis qui me poursuivent ! »

À cette pensée, il se leva, comme mû par un ressort, et se mit à courir de toutes ses forces vers sa caverne.

Son oreille ne l’avait pas trompé ; l’écho lui