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trois ou quatre, mais il n’en mangea que juste assez pour apaiser les douleurs de la faim. Car le voyage qu’il avait entrepris, et qu’il voulait faire seulement de nuit, afin de ne pas être reconnu, serait peut-être long ; et dans les autres forêts où il avait l’intention de se cacher, le jour, il ne trouverait guère de nourriture. Il lui fallait donc veiller sur ses vivres aussi soigneusement que l’avare sur son argent.

C’est vers les États-Unis que le fugitif dirigeait sa course aventureuse.

Il avait eu d’abord l’intention d’aller à Plattsburg, dans l’état de New York, mais la conversation qu’il venait d’entendre, l’engageait à modifier son plan ; il irait maintenant dans l’état du New Hampshire, en suivant la voie de Mégantic qui n’était pas encore surveillée, avaient dit les soldats.

La journée lui parut affreusement longue. Enfin les dernières lueurs du crépuscule s’éteignirent et la nuit vint. La lune brillait au ciel d’un vif éclat. Le fugitif reprit sa marche, ou plutôt sa course, car il courait presque continuellement, dans le but de rattraper le temps perdu.

Le lendemain, à cinq heures, il rentra sous bois et choisit son gîte au milieu d’un bouquet d’arbres entrelacés et inextricables. Il cassa quelques branches autour de lui et se coucha.