Je l’ai échappé belle ! pensa notre héros, en se frottant le cuir chevelu que les balles avaient effleuré… Aussi, quelle sottise de ma part d’être venu me gîter au beau milieu d’un bois pour servir de cible aux chasseurs maladroits ! Décidément, je crois que j’ai perdu la tête… Si encore ces chasseurs ne peuvent pas voir un autre lièvre rôder autour de moi…
Mais non, ils s’éloignaient, portant sur leurs épaules une longue perche à laquelle était suspendu leur unique trophée, nous voulons dire leur lièvre…
— Tas d’imbéciles ! murmura Jean-Charles, en les regardant marcher : ne dirait-on pas, à les voir, qu’ils ont tué un lion !
Notre héros avait eu la précaution, avant de s’enfermer dans le bosquet, de puiser de l’eau pure dans une sorte de récipient qu’il avait fabriqué avec de l’écorce de bouleau. Il but pour se désaltérer et se rafraîchir, car il faisait une chaleur atroce, même à l’ombre, et il mangea à son appétit, afin de pouvoir supporter les fatigues de la longue course qu’il se proposait de faire dans la nuit.
Il avait hâte d’arriver aux États-Unis.
Ce pays lui offrait un abri certain contre toutes les perquisitions. Perdu dans cette agglomération humaine, où viennent se fondre tant de races diverses, il pourrait vivre, ignoré, et s’arranger une existence tranquille et sûre.