flamme, lui apparaissait la figure de Victor exprimant une joie infernale ! Il voyait son frère, la poitrine percée d’une balle, gisant inanimé à ses pieds !
Il lui semblait entendre la foule, indignée, lui jeter à la face cette terrible accusation : « Tu n’es qu’un fratricide ! »
Il était condamné à vivre loin du sol aimé de la patrie, et à porter toute sa vie une honte et un déshonneur immérités… Et des larmes coulaient lentement à travers sa barbe devenue aussi blanche que ses cheveux.
Mais, se rappelant les conseils et les consolations que lui avait prodigués l’abbé Faguy, il disait, en levant les yeux au ciel : « Ô mon Dieu ! faites-moi souffrir davantage, si vous le désirez, mais, je vous en supplie, soulagez l’âme de mon pauvre frère ! »
Jean-Charles croyait, avec un pieux auteur, que « entre la mort apparente et réelle du corps, il y a place à la miséricorde divine. » Et il espérait que son frère, à ce moment suprême, avait reconnu ses fautes et avait eu le bonheur d’en obtenir le pardon. Alors, réconforté par l’espérance que Victor avait trouvé grâce devant Dieu, l’exilé reprenait sa bêche et se remettait au travail avec un courage nouveau.