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repris son rôle de muet, lui fit comprendre, par des signes, qu’il désirait acheter un fusil.

Portugais, qui était un brocanteur de profession, passa son fusil au colosse en lui disant qu’il était à vendre.

Notre héros examina l’arme minutieusement et même l’essaya sur un gibier qu’il tua au vol.

Il acheta le fusil et le paya — rubis sur ongle — vingt dollars.

Il chargea Portugais de lui acheter les articles suivants qu’il avait inscrits sur une feuille de papier : de la poudre, des balles, une gibecière, une perche de ligne, des hameçons, un filet, des ustensiles de cuisine, un chandelier, des bougies et quelques outils.

Nous avons connu intimement ce pauvre Portugais, — ancien chantre au chœur de la Congrégation, à Saint-Roch, — et nous nous plaisons à rendre hommage à son honnêteté. C’était aussi un cœur d’or, un homme extrêmement serviable.

Il remplit avec une fidélité scrupuleuse la commission qu’on lui avait confiée, et dans l’après-midi du même jour, il arriva chez Jean-Charles en criant de sa voix flûtée : « Hé ! bonjour, mon oncle ! bonjour ! (Car lorsque Portugais ne connaissait pas le nom d’un homme, il l’appelait toujours « mon oncle. ») Hé ! bonjour,